LA POUPEE: Je veux devenir une poupée

BY GEOFFROY PERRAULT

La première partie (sans doute) d’un petit conte fantastique dans un esprit un peu hentai, mais qui rappellera aussi à ceux qui la connaissent « La Petite Malade ». Tout ça n’est évidemment pas à prendre au sérieux. Bonne lecture.

[ part 1 ]

A l’âge tendre de six ans, Candice décida qu’elle voulait devenir une poupée. Etre un enfant, c’était trop compliqué, il y avait trop de responsabilités. Etre un adulte, c’était encore pire. Une poupée, au moins, elle n’avait pas à penser, elle n’avait pas de soucis. Candice était une très jolie petite fille. Elle avait des cheveux courts et dorés, de grands yeux remplis de curiosité, un petit nez mutin, et on lui avait plusieurs fois dit qu’elle était belle comme une poupée (ce qui ne faisait qu’asseoir sa détermination).

Le problème est qu’elle ne savait pas très bien comment il convenait de faire pour devenir une poupée. Elle décida donc de s’adresser à un spécialiste : un marchand de poupées.

Il y en avait justement un en face de chez elle, et souvent elle regardait les poupées ancienne dans la vitrine, et elle pensait : « voilà, c’est exactement ce que je veux être. »

Alors elle mit sa timidité dans sa poche, et entra un jour toute seule dans la boutique. Le monsieur derrière le comptoir vit s’avancer la mignonnette qui portait une robe bleue sans manche, et des sandales blanches.

–Bonjour mademoiselle, lui dit-il très poliment, vous désirez ?

–Et bien... voilà... je voudrais devenir... une poupée... Et je ne sais pas comment faire.

Monsieur Manchon, le propriétaire de la boutique qui était occupé dans la réserve entendit cette demande ingénue, et prit aussitôt la place de son vendeur.

–Tu veux devenir une poupée ?

Candice acquiesça.

Bien sûr, pour elle, tout cela n’était que des mots d’enfants, des rêves ingénus, une manière aussi de s’occuper, car elle s’ennuyait l’été, lorsque toutes ces copines partaient à la mer et pas elle.

Mais pour ce qui était de l’ingénuité, elle ne s’était pas adresser à la bonne boutique, car pour monsieur Manchon et pour son vendeur, le jeune Joseph, une telle demande était à considérer très sérieusement.

Candice n’aimait pas trop la manière dont ils la regardaient à présent, et elle commençait à regretter d’être venu. Sans doute qu’ils allaient se mettre en colère qu’on leur fasse ainsi perdre leur temps. Elle bredouilla une excuse, et les joues rouges, elle tourna les talons.

Mais lorsqu’elle voulut ouvrir la porte, elle s’aperçut que celle-ci était fermée à double tour.

-J’voudrais sortir, monsieur, s’il vous plait.

–Je croyais que tu voulais devenir une poupée, lui rappela monsieur Manchon.

–Non... C’était pour rire...

–Ah... Il ne faut pas rire avec ces choses là. Tu es rentré dans ma boutique de ton plein gré, je ne t’ai pas obligé à y entrer ?

–Non.

–Et tu m’as demandé comment devenir une poupée. N’est-ce pas Joseph.

–Oui, c’est ce qu’elle a dit.

–Tu vois, c’est très sérieux. Et je dois prendre les désirs de mes clients au sérieux.

Candice sentit de grosses larmes couler sur ses joues.

–Il ne faut pas pleurer, mon enfant. Je sais comment transformer les petites filles en poupée. Ce n’est pas facile, mais c’est mon métier.

Candice pleurait à présent à chaude larme, et gémissait : « je veux renter chez moi. » Joseph lui attrapa la main et la tira vers l’arrière boutique. Elle se laissa faire. Candice était une petite fille généralement obéissante avec les grandes personnes.

Monsieur Manchon jeta un dernier coup d’œil derrière son épaule, puis il les suivit en tirant derrière lui un lourd rideau ocre.

Dans la pénombre, Candice sentit les mains de monsieur manchon se poser sur ses épaules nues. Et il lui murmura à l’oreille :

–Nous allons t’emmener à l’école des poupées... Là tu apprendras à en devenir une.

–Je veux pas y aller, pleurnicha la petite fille.

–La première règle que tu dois apprendre est « les poupées ne parlent pas », dit alors Jospeh.

Et il colla sur sa bouche un gros morceau de scotch. Candice voulut l’arracher,mais monsieur Manchon l’en empêcha en tenant fermement ses bras délicieusement doux. Puis elle sentit une petite piqûre à la base de son cou, et tout devint noir.

Elle entendit les voix de monsieur manchon et de Joseph qui s’éloignaient.

–Elle fera une bien jolie poupée.

–Oh... Pour sur...

–Quel dommage de toujours devoir attendre qu’elles en formulent la demande.

–C’est la règle, tu le sais.

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Les poupées ne parlent pas, sauf si on le leur demande.

Les poupées sont des jouets. Elles n’ont aucun droit, et n’ont qu’un seul devoir :celui d’obéir en tout point à leur propriétaire.

Les poupées sont destinées à l’amusement de leurs propriétaires. Elles n’ont aucune autre raison d’être.

Les poupées sont fragiles et doivent être maniées avec précaution et douceur.

Seules les petites filles ayant exprimé leur désir de devenir des poupées, peuvent être conduites à l’école des poupées.